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Article du mois sur la plongée sous marine

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Mon premier accident de plongée à 15 ans - Part 2


Lire la première partie de mon accident de plongée.

Toutefois le deuxième jour quand j’ai pu retrouver le moyen de la parole, j’ai pu fournir plus d'informations aux médecins qui ont par la suite conclu à une maladie de décompression mais vous verrez plus tard que cette conclusion était partiellement erronée. Donc ils m'ont mis à l'intérieur de la chambre et "recompressé" à l'équivalent de 18 mètres (la plupart des chambres peuvent proposer un tel traitement si vous ne passez pas la limite des 40 mètres). J'étais encore sans connaissance mais un nouveau miracle s'est produit : j'ai eu le réflexe de décompresser avec mes oreilles pendant tout le temps de la compression jusqu'à 18 mètres. En fait pendant un tel traitement dans la plupart des cas, le patient obtiendra des dommages graves sur ses tympans mais qu’est-ce que c’est devant un enjeu vital ? Et évidemment il se produira à fortiori si la personne est sans connaissance. Ainsi il est extrêmement rare que dans « un réflexe normal » le patient puisse décompresser c'est-à-dire être capable de pincer son nez. Il semble que j'ai pu le faire 3 fois pendant la descente à 18 mètres.
Le traitement : selon la table, après 1h30mn à 18 mètres avec une respiration alternée d'air normal ou enrichie de 20% d’oxygène, ils m'ont progressivement amené jusqu'à 9 mètres à une vitesse de remontée de 3 mètres en 10 minutes. Puis ils doivent me garder à cette pression avec un mélange de 30% d’oxygène. Toujours sans connaissance, j'ai commencé à avoir des convulsions, ma mère pleurait pensant que c’était la fin… Pour respecter le protocole tout a été enregistré par une camera fixe en cas de mort. Mes parents ont le film à la maison mais jusqu'ici n’ont jamais eu le force de le visionner. Comme aucun docteur n'était avec moi à l'intérieur de la chambre, ils ont décidé d'arrêter le traitement pendant un moment et de m'envoyer à nouveau à l'hôpital pour reposer mon corps parce que je ne pouvais pas rester sur la base militaire de la marine en tant que civil.
À l'opposé de la conclusion normale, mes convulsions n'étaient pas dues à la toxicité de l'oxygène mais à la très haute température de mon corps appelée hyperthermie. Mon corps entier était à 40C ainsi, comme un bébé avec de la fièvre, j'ai commencé à avoir des convulsions. L'explication au sujet de l’hyperthermie n'est toujours pas claire mais le spécialiste du cerveau pense que mon cerveau était en condition tellement mauvaise due aux microbulles d’azote qui bloquaient le sang vers le cerveau, qu'il ne pouvait plus assurer la régulation de mon corps.
Après quelques d'heures, c’était pendant la nuit et ma mère était partie se coucher, j'étais de nouveau à la chambre encore sans connaissance (ou dormant, ici personne ne peut le dire). Cette fois un docteur est venu à l'intérieur de la chambre avec moi au cas où… Ils m'ont fait "descendre" encore à 18 mètres et la même chose s'est produite : je pouvais décompresser par moi-même. Puis remontée jusqu'à 9 mètres et à nouveau j’ai eu des convulsions. Mais cette fois-ci l'interruption du traitement une nouvelle fois n'était pas envisageable car les bulles à l'intérieur de mon corps ne devaient pas rester trop longtemps. Cette fois le docteur m'a fait une piqure pour détendre mes muscles et éviter les convulsions. Mon corps était extrêmement chaud mais sous étroite surveillance. Après 4 heures et 45 minutes le premier traitement a pu se finir. Il était 2heures du matin. Robert était toujours là ! J'ai été transporté de nouveau à l'hôpital pour me reposer.

À 7 heures du matin j'ai ouvert mes yeux pour la première fois. Je pouvais parler avec difficulté et manger mon petit-déjeuner avec de l'aide mais mon côté droit ne répondait toujours pas. Je ne pouvais rien sentir sur ma peau. Mon visage était comme si vous aviez enlevé tous mes muscles. Je ne pouvais pas sourire…
À 10 heures, l'ambulance m’a conduite de nouveau à la chambre avec Robert, ma mère, mon frère et ma sœur qui étaient très heureux de l'amélioration de mon état. Il a été décidé que je suive encore un traitement de 4 heures 45. Comme maintenant j'étais conscient, j’ai pu mettre le masque d'oxygène moi-même. À 9 mètres cette fois rien ne s'est produit. Juste après le traitement, j'ai commencé à sentir mon côté droit. Je pouvais bouger un peu mes doigts et serrer la main du docteur mais sans puissance dans ma main et mon poignet. J'ai essayé d'écrire mais c'était un désastre et ceci m'a donné un grand mal de tête. Je devais être patient. Regardez un exemplaire de mon écriture ci-dessous:

AntWritting
Seulement après le traitement du jeudi (un par jour) j’ai pu sentir un peu plus les muscles de ma jambe droite et de mon poignet. Je pouvais également serrer un peu plus fermement la main du docteur pour le remercier.
Vendredi ils ont changé le traitement et j’ai dû rester seulement 2 heures 15 minutes. Les améliorations cette fois étaient bien visibles ;  ainsi je pouvais m'asseoir beaucoup plus longtemps qu'avant sans avoir des maux de tête. Mais je pouvais encore rester dans cette position seulement… 15 minutes. Alors le docteur m'a demandé de marcher. Il m'a aidé à me lever et je tenais les barres sur le côté de la chambre de décompression. J’avais un sentiment étrange d'être lourd et instable. Ma tête se balançait de droite à gauche et j’avais le sentiment que je pouvais m’écraser à terre à la moindre seconde et briser mon corps tout entier comme une épave.  J'ai continué à avancer en tenant ma mère qui était à côté de moi. Pour tester mon équilibre le docteur m'a demandé de fermer les yeux et d'essayer de marcher droit devant moi. Sans commentaire !
Le matin suivant après le traitement, je pouvais enfin lever ma jambe droite et mon bras droit pendant quelques secondes et également marcher de façon plus constante mais encore avec de l'aide. Cette fois je pouvais m'asseoir 30 minutes mais j'ai dû ensuite m’allonger parce que c'était ma limite. Puis j'ai réussi à marcher de nouveau seul vers l'ambulance avec quelqu'un à côté de moi au cas où… Les 2 jours suivants étaient comme des jours de "repos". Après chaque traitement je pouvais voir des améliorations sur mon côté droit mais mon écriture et mon équilibre ont pris plus de temps à récupérer. Ils sont devenus normaux seulement lundi matin. De plus j’ai pu passer le test de l'équilibre avec mes yeux fermés (mettre un pied devant l'autre puis fermez vos yeux et restez comme ca pendant 1 minute). J'ai réussi à la troisième tentative ! ! !

J'ai été "libéré" de l'hôpital de Semporna le jour d’après - une semaine depuis l'accident. Selon les livres, après un tel traitement il est conseillé de prendre l'avion seulement 3 mois après la dernière chambre. Mais selon beaucoup de spécialistes vous pouvez, dans la théorie, prendre l'avion 72 heures après la dernière chambre. Pour être prudent et après discussion avec le spécialiste, mon père a décidé de rester avec moi une semaine de plus tandis que ma mère, frère et sœur retournaient à la maison. J'ai pris l'avion le 31 août et j’ai pu heureusement commencer l'école à l'heure ! 

Conclusions et commentaires : J'étais toujours dans mes limites et dans les tables loisirs de plongée. Mon père m'a même donné son premier ordinateur de plongée ainsi j’avais toujours une bonne idée du temps restant à une profondeur donnée, de l'accumulation d’azote dans mon sang, de la profondeur elle-même etc.
L'événement déclenchant n'était pas une maladie de décompression mais quelque chose qui aurait du se produire sur la terre pas sous l'eau. En fait j’ai été victime d'abord d’un AVC (arrêt vasculo-cérébral dont les bulles d’azote sont surement responsables). Ainsi j'ai dû terminer la plongée aussi rapidement que possible mais ce qui n'est pas toujours pas clair aujourd'hui c’est que les complications sont venues de la maladie de décompression. Pourquoi avais-je autant d'azote dans mon sang après moins de 15 minutes à environ 18 mètres ?
Nous avons d’abord pensé que c’était  dû à mon souffle au cœur. Mais ce n'est pas un souffle physique (les 2 sangs peuvent communiquer par un petit trou entre les 2 ventricules) mais seulement fonctionnel. Cela signifie que le sang fait un certain bruit tout en passant par mon ventricule artériel donc rien à investiguer de ce côté. Nous avons suspecté par la suite, mais sans preuve évidente, qu'une bulle d'azote était passée par la chambre supérieure du cœur qui contient un potentiel ou un défaut réel connu sous le nom de foramen ovale persistant (PFO en Anglais). Donc si une bulle reste petite il n’y aura pas de problème car le corps va l’éliminer. Mais quand vous faites une remontée (de 26 à 18 mètres), la bulle va grossir et si vous n’avez pas de chance, cette bulle est justement située dans votre cerveau au mauvais moment de votre remontée ce qui va bloquer le sang arrivant au cerveau. Alors se déclenche l’AVC. Alors la suite est seulement la conséquence de cet événement…
Finalement on a décidé que je ne ferai pas plus de 2 plongées par jour pendant nos vacances jusqu'à ce que j'atteigne les 18 ans. Selon beaucoup de spécialistes quoique nous ayons suivi les standards, il y a toujours un plus grand risque d'accident de plongée tant que la croissance des poumons et du cœur ne sont pas finis particulièrement si vous faites beaucoup de plongées par jour en-dessous de 18 mètres. 
 
Enfin et surtout je voudrais remercier encore l'équipe entière du centre de plongée à Semporna ainsi que les experts médicaux de la base Marine qui ont fait un travail fantastique. Je suis enregistré comme le plus jeune plongeur survivant dans cette chambre hyperbarique avec le numéro 62 depuis 2006.
 
Egalement pour une meilleure connaissance des maladies de plongée je vous recommande vivement de lire les articles des prochaines semaines.
 
Je vous souhaite des plongées sûres et agréables.
Antoine pour WorldDivingReview.
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