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Article du mois sur la plongée sous marine

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Psychologie de l'enfant face à la plongée - Part 3


Si vous n'avez pas lu les deux précédentes parties alors vous pouvez les lire en suivant les liens psychologie de l'enfant face à la plongée(1) et psychologie de l'enfant face à la plongée(2)

C- EAU ET PSYCHÉ : AQUA-PSYCHANALYSE

Aspect symbolique de l’eau

L'eau, signifiant, véhicule, instrument exprimant l'inconscient, la vérité propre de celui-ci, lieu des motivations secrètes et inconnues... L'eau, élément originel, d'avant le langage, permet la descente aux choses d'en dessous, lieu des images fondatrices. L'eau, source de toute vie, Féminin éternel, mère bonne et terrible, nourricière et protectrice, menaçante et destructrice, réservoir de toutes les énergies et les capacités de création.
La publicité le sait bien qui utilise sans compter notre relation inconsciente à l'eau, véritable piège à symboles. Tout comme bon nombre d'expressions populaires expriment sans ambiguïté sa substance psychique : se jeter à l'eau,  se mouiller,  toucher le fond,  prendre l'eau,  laisser couler,  manquer d'air,  boire la tasse,  être lessivé,  comme une serpillière,  se méfier de l'eau qui dort,  rire en cascade,  pleurer comme une fontaine,  calme comme un lac,  ça baigne,  comme des poissons dans l'eau,  etc.

 

Les théories de Winnicott, le plus aquatique des psychanalystes

 

Du point de vue de la psyché individuelle, on peut assimiler la plongée à la plongée du conscient dans l'inconscient. Winnicott est inventeur des tout premiers stades du développement humain, cette lente, douloureuse et aléatoire différenciation soi/non-soi, moi/non-moi, illusion/désillusion, réalité intérieure/extérieure, qu'il s'agit de maintenir à la fois séparées et reliées l'une à l'autre.

Pour rester simple, considérons que l’individu admet comme un noyau d'être, le self, sans lequel l'individu ne peut exister. Ce self "se constitue" dans les six premiers mois de la vie, bien avant l'avènement d'un moi élaboré. C’est une fondation de la personnalité qui va permettre d’assumer le paradoxe d'une vie interne subjective et d'une réalité externe objective. Sont nécessaires à l'intégration d'un self les notions de handling et de holding. La mère existe pour le bébé à travers les soins qu’elle lui donne. Au tout début, le nourrisson et les soins forment une unité.

Nous savons que ces soins (handling et holding), lorsqu'ils sont défaillants, peuvent engendrer "les agonies primitives".
Ce besoin de la mère et la peur de la perdre, qui hante toujours les tréfonds de notre psychisme, sont réactivés dans l'eau sous une forme généralement positive, c'est-à-dire apaisante. Par son portage et son toucher, l'eau joue pour nous cette mère toujours là quand on a besoin d'elle, qui résiste à nos affects destructeurs, qui peut être bue sans être détruite, qui n'exige rien en échange.

 

L'eau nous fait régresser à des stades antérieurs de développement qui s'apparentent à des stades d'un moi non encore différencié. L'hypothèse la plus répandue est celle d'une réminiscence de l'existence intra-utérine, pendant laquelle nous ne faisions qu'un avec notre univers et flottions réellement dans le liquide amniotique sans avoir pratiquement de poids à porter. L'enfant in utero serait confondu avec la mère. Ensemble, ils ne font qu'un dans cette origine.

Cette hypothèse est devenue une sorte de vérité en soi. Le symbole de l'eau n'est plus évoqué qu'en référence à cette vie intra-utérine et à la phylogenèse qui veut que toute vie soit née de l'eau. Il ne s'agit plus ici de symbolisme, mais du plus pur matérialisme, un simple principe de cause à effet qui fonde pourtant un grand nombre de pratiques thérapeutiques, en particulier les pratiques de rebirthing ou de respiration holotropique.

Un facteur plus identifiable de régression est l'état de détente, d'abaissement du tonus musculaire créé par l'immersion, surtout si l'eau est tiède. Substance douce, enveloppante, protectrice, qui nous entoure tout entier, nous pénètre intimement et qui va, quasiment à notre insu, relâcher nos contractions défensives, laisser émerger les peurs, les conflits internes qu'elles dissimulaient.
L'eau opère comme une mise à nu de la relation. Tout ce qui se dissimule ailleurs devient évident dans l'eau. Cette vertu de l'eau est reconnue et utilisée depuis une grande décennie par les groupes nommés à tort "bébés nageurs". Dans ces groupes, il est davantage question de laisser s'établir des relations nouvelles entre parents et enfants. Le bain devient un moment privilégié de jeu et de rencontre où les parents apprennent à porter le bébé sans l'agripper, à le soutenir sans le tenir, à le suivre sans le diriger.

Ce que l'eau nous propose, c'est la restauration d'une confiance mutuelle.

 

Docteur Christine BONNAT pour WorldDivingReview.
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