Article du mois sur la plongée sous marine
Accident de plongée exigeant une Recompression - Part3/4 |
Si vous voulez lire ou relire les parties précédentes vous pouvez suivre les liens: 4.2.1 Douleur (a) Douleur aux membres. C'est probablement la manifestation la plus fréquente de la maladie de décompression. On emploie ce terme pour décrire une douleur intense dans ou autour d'une ou plusieurs articulations qui peut commencer pendant la décompression ou à la fin d'une plongée. A la suite de plongées consécutives (dans la même journée par exemple), les membres supérieurs tendent à être touchés plus souvent que les membres inférieurs et l'épaule est impliquée particulièrement fréquemment. Réciproquement, pour les plongeurs en saturation, les aviateurs et les ouvriers travaillant sous air comprimé, ce sont les membres inférieurs et en particulier les genoux qui sont impliqués le plus souvent. En général, la douleur commence graduellement et est mal localisée ; elle peut disparaitre spontanément et est alors appelée « soupçon ». Les soupçons peuvent se déplacer d’une articulation vers une autre. Si la douleur devient plus intense, elle est alors plus facile à localiser et est décrite comme mal lancinant, taraudant, semblable au mal de dent. Parfois l’articulation est tenue en position particulière pour réduire la douleur, mais la douleur s’intensifie rarement avec les mouvements. Si la douleur est dans un membre inférieur, le poids du corps peut être mal toléré sur ce membre. À l'examen, il n'y a souvent aucun signe objectif. De temps en temps, il y a une éruption cutanée au-dessus ou à côté de l’articulation affectée. Notamment, les signes « classiques » d'inflammation : rougeur, gonflement, chaleur au contact et absence d’élasticité. Même si la douleur est facile à localiser au niveau d’un membre, le patient doit ÊTRE ENTIÈREMENT EXAMINÉ. Un patient qui a mal peut ne pas se rendre compte d’une légère paresthésie (trouble de la sensibilité tactile) ou bien de l'engourdissement d’un petit endroit. S’assurer qu'aucun symptôme neurologique ne peut être détecté avant de faire le choix d'une table thérapeutique. En général, la douleur de membre due à la maladie de décompression disparait complètement, même sans traitement dans la période des 12-72 heures. Cependant, il est difficile de justifier de ne pas faire une recompression. Car on obtient non seulement un soulagement rapide de la douleur mais, en particulier dans les cas où il y a eu un début rapide de douleur juste après avoir fait surface, on peut empêcher le début de symptômes neurologiques.
(b) Douleur au niveau du ventre. C'est une sensation mal localisée, faisant mal ou « oppressante » qui est généralement dans l'abdomen, bassin, ou de temps en temps, au niveau de la poitrine. La douleur du ventre dans le contexte de maladie de décompression est généralement considérée inquiétante puisqu'elle présage fréquemment la détérioration neurologique. 4.2.2 Neurologique. L’implication du système nerveux peut être subtile, multifocale, par conséquent d’une variété incroyable et donc très difficile à localiser. Les deux systèmes nerveux centraux et périphériques peuvent être impliqués en même temps et les manifestations peuvent être décomposées en différentes pertes de fonctions : les fonctions supérieures, incluant le dysfonctionnement des processus de pensée ou d’affect, perte de mémoire, dysphasie etc. ; altération du niveau de conscience, allant jusqu'à des absences ; perte de coordination ; perte de force ou de sensation dans presque la totalité du corps ; dysfonctionnement des sens spéciaux avec perte de commande du sphincter, et en particulier de la vessie. Il est probable que plusieurs de ces désordres impliquent le cerveau. Parmi ces cas, on constate fréquemment une certaine perte de conscience allant jusqu'à la désorientation et parfois même jusqu’au coma. Les symptômes visuels sont communs, de même nature que les déficits moteurs et autres déficits sensoriels. Puisque cette maladie peut être difficile à diagnostiquer, il est très important que le personnel encadrant connaisse le plongeur. Sinon des signes tels qu'un changement d'humeur, le ralentissement de l'intellect ou la perte de mémoire à court terme peuvent passer inaperçus.
4.2.3 Assez fréquemment l’implication de la moelle épinière se retrouve dans la maladie de décompression. Elle peut être impliquée seule ou en combinaison avec d’autres parties du système nerveux.
4.2.4 Les plongées qui semblent aisément provoquer une maladie de décompression avec une distribution principale autours de la moelle épinière sont les plongées courtes et profondes avec remontée rapide à la surface. Le début des symptômes se produit généralement peu de temps après avoir fait surface, avec environ la moitié des cas sérieux devenant symptomatiques dans un délai de 10 minutes. Moins de 10% de cas sérieux se présentent plus de 4 heures après avoir terminé la plongée. Dans les cas graves, l’état du plongeur est souvent précédé par le début d’une douleur au ventre. Peu après, le patient peut sentir des picotements et des aiguilles, un engourdissement et une faiblesse musculaire dans les jambes qui progresse rapidement en paraplégie. Il est possible que les quatre membres soient touchés et, dans des cas graves l’état de choc peut compliquer le diagnostique clinique. Dans des cas moins graves, le début n'est pas aussi spectaculaire et la progression en paraplégie peut être retardée voire incomplète. Dans ce cas il se peut que la douleur au ventre soit minime. À l'examen, il est souvent possible de déterminer une « ligne » au-delà de laquelle le fonctionnement de la moelle épinière est apparemment normal. Cette ligne est souvent située dans la partie inferieure thoracique ou les segments lombaires supérieurs. Il est parfois possible de déterminer différentes lignes pour l’innervation de la motricité et les diverses modalités sensorielles. La vessie est souvent touchée. Le patient peut se plaindre de difficulté pour uriner, mais plus souvent ceci sera détecté par l'absence d’urine alors que la vessie est dilatée lors de l'examen de l'abdomen.
4.2.5 À moins que l'état fulminant (soudain et grave) soit rapidement traité par recompression, un rétablissement complet est peu probable. Le pronostic pour des cas avec un début moins rapide est meilleur. Généralement même sans recompression une certaine amélioration spontanée se produit. Néanmoins, l'amélioration sera plus rapide et complète avec la recompression.
4.2.6 Audio-Vestibulaire. C'est une sous-classe unique neurologique de la maladie de décompression. On pense qu'il y a deux mécanismes par lesquels le système audio-vestibulaire peut être impliqué : d’une part le barotraumatisme et d’autre part les dommages de tissus provoqués par la formation des bulles de gaz dissous. Les cibles possibles de ce deuxième mécanisme incluent la cochlée, le noyau du huitième nerf (ou nerf Vestibulocochléaire) et les voies cérébelleuses ou corticales. Dans certains cas il peut être très difficile de comprendre les mécanismes ou de localiser l’endroit des dommages par le seul examen clinique. Par conséquent ce terme peut être employé pour décrire le syndrome qui inclut : vertige (un sentiment de rotation), acouphène (perception de bruit dans l'oreille humaine en l'absence du bruit externe correspondant), nystagmus (mouvement non contrôlé des yeux, habituellement d'un côté à l'autre, mais parfois de travers ou même dans un mouvement circulaire) ou perte d'audition après une plongée. La nausée et le vomissement peuvent accompagner ces symptômes mais ne sont pas suffisant en eux-mêmes pour déclarer l’implication audio-vestibulaire dans la maladie de décompression. Aujourd’hui, les données de l’expérimentation ainsi que de l’experience montrent que la recompression ne semble pas avoir d’effet négatif sur la pathologie due à la rupture de la fenêtre ronde ou ovale (ces deux fenêtres permettent la communication avec l’oreille interne). Par conséquent, même si le mécanisme n’est pas clairement défini, une thérapie de recompression devra être entreprise. Tous les cas similaires doivent être reportés à des spécialistes pour établir si un traitement supplémentaire de la fistule du perilymph est nécessaire.
4.2.7 Pulmonaire. Comme cela a déjà été mentionné, l’implication des poumons dans la maladie de décompression peut être due à deux processus tout à fait distincts : d’une part le barotraumatisme pulmonaire de décompression et d’autre part les conséquences cardio-pulmonaires d’une embolie veineuse importante de gaz. Bien que les mécanismes impliqués soient distinctement différents, il peut être difficile de les distinguer immédiatement lors d’un diagnostique clinique, parce qu’ils partagent beaucoup de symptômes et certains signes : douleur de poitrine, toux, hémoptysie, souffle court, cyanose et, rarement, état de choc.
La maladie progressive peut être due soit à un pneumothorax soit à une embolie gazeuse des poumons. S’il y a eu une plongée avec une concentration réduite de gaz, il est le plus susceptible que la cause du problème soit un pneumothorax. Ceci peut être diagnostiqué médicalement à l’aide des signes classiques : cyanose et problème respiratoire ; évidence de déviation mediastinale à l’opposé du côté affecté ; hyper résonance et mouvements respiratoires réduits ainsi que des bruits de souffle du côté affecté. Des rayons X, si disponibles, confirmeront le diagnostic. Bien qu'elle soit très rare et généralement associée aux plongées profondes avec décompression incomplète, on a pu faire une description des patients présentant une embolie veineuse massive de la circulation pulmonaire. En règle générale ces patients développent des symptômes dans la demi-heure qui suit la fin de la plongée. La condition débute avec une douleur centrale à la poitrine et une toux, qui peuvent s’aggraver en respirant profondément ou en inhalant de la fumée de cigarette. La dyspnée (essoufflement) et la cyanose suivent puis on a très vite des signes d’état de choc. La condition du patient est généralement progressive et peut se détériorer rapidement : dysfonctionnement cardiovasculaire, perte de conscience pouvant mener à la mort, à moins que le patient soit recompressé. A part la cyanose et les problèmes respiratoires, il n'y a pas d’autres signes directs d'un pneumothorax.
4.2.8 Cutané. La peau peut être affectée par la plongée de plusieurs manières. Deux manifestations très communes de la décompression, qui ne sont pas généralement considérées comme des maladies, sont la « compression » de la combinaison de plongée et la démangeaison en l'absence d'éruption cutanée. Le terme de la maladie de décompression « cutanée » doit être employé pour décrire la condition qui présente généralement de fortes démangeaisons autour des épaules ou dans la région du tronc. Après un certain temps, cela se développe en éruption érythémateuse qui peut progresser en taches ou marbrures cyanotiques de la peau. Si on veut être plus précis dans la description, il est bon de décrire l’endroit de la manifestation.
4.2.9 Lymphatique. De temps en temps, les nœuds de lymphe peuvent s’agrandir et se fragiliser et ceci peut être associé à un œdème. On a l’impression que la peau est épaissie et peut avoir l’apparence « grêlée » de la peau d'orange. Si on applique une pression sur la peau, par exemple avec le pouce, d’environ une minute, une marque visible restera.
4.2.10 Constitutionnel. Il y a un certain nombre de symptômes non spécifiques qui se produisent après avoir plongé et qui, s’ils sont graves ou accompagnés d'autres manifestations, peuvent être considérés comme une partie du syndrome de la maladie de décompression. Ceux-ci incluent le mal de tête, fatigue, malaise (comprenant la nausée allant jusqu’au vomissement) et anorexie. Vous pouvez lire directement la suite de cet article en suivant le lien: WorlddivingReview |